Le Mascaret
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Un phénomène notable sur 66 fleuves dans le monde dont 2 en France, la Dordogne et dans une moindre mesure la Garonne
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Le mascaret de la Dordogne, 15 éme plus gros mascaret au monde
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Le site de la péniche, endroit où le mascaret est le plus fort grâce à 5 Km de ligne droite
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Un phénomène observable 8 mois dans l'année
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Jusqu'à 200 mascarets par an lors d'année sèche
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Des vagues de 1.5 à 2 mètres se déplaçant entre 20 et 30 Km/h
Le meilleur site d'observation
en France du Mascaret
Un phénomène unique et présent de façon notable (surfable) sur seulement 66 fleuves dans le Monde dont 2 en France : la Dordogne et dans une moindre mesure la Garonne. Le Mascaret de la Dordogne est considéré comme l'un des 15 plus forts Mascarets au monde. Contrairement aux idées reçues, un phénomène qui s'observe durant 8 mois dans l'année de mai à décembre dès lors que le coefficient de marrée dépasse les 75/80 associé à une pluviométrie normale et ce à raison de 2 passages par jour (à chaque marée montante). Il peut se produire jusqu'à 200 mascarets par an lors d'années sèches. Plus le débit du fleuve est faible et plus l'index de marée est fort, plus la vague est importante.
Grâce à près de 5 Km de ligne droite (couloir de ravitaillement des canadairs) entre le virage d'Asques et celui de Saint Pardon, la vague prend toute sa puissance au niveau du site qui constitue à ce titre le meilleur point d'observation en France du Mascaret.
© A. Colas / Thalassa FRANCE 3
Vidéo (© Koprod.fr ) du Mascaret le 19 septembre 2024 avec un coefficient de 115. Remarque : l'hiver 2023/24 a connu une pluviométrie exceptionnelle à Bordeaux rendant le mascaret invisible au printemps (premiers mascarets en juin) et moins forts par la suite par rapport aux années précédentes.
Le phénomène Mascaret
Le phénomène du Mascaret correspond à une brusque surélévation de l'eau d'un fleuve ou d'un estuaire, provoqué par l'onde de la marée montante sous conditions que l'estuaire soit peu profond et la dénivellation entre l'océan, l'estuaire et le fleuve soit très faible (ce qui est le cas sur la Dordogne, avec seulement 15 mètres de dénivelé entre Royan et Libourne).
Il se forme alors une série de vagues à l’embouchure de la Gironde (à partir du Bec d'Ambès) qui remonte le fleuve sur près de 70 km jusqu'à Vignonet bien après Libourne. Le phénomène était présent sur la Seine jusqu’aux années 1960 (il a disparu à la suite des aménagements apportés au fleuve, endiguement et modification de l'estuaire).
Il ne reste plus que la Dordogne (et dans une moindre mesure la Garonne) pour pouvoir l’observer en France de façon notable. Et c’est précisément sur les communes de Saint Germain de la Rivière et Izon qui se font face de part et d’autre du fleuve que la vague est la plus forte (et non à Saint Pardon comme il est coutume de l’écrire mais le port de St Pardon reste le seul observatoire possible pour le public). La vague se déplace entre 20 et 30 kilomètres par heure et atteint régulièrement 1.5 à 2 mètres de haut.
Site
Le site a été choisi pour faire la couverture du livre de référence sur le Mascaret écrit par Antony COLAS : Mascaret l'onde lunaire Édition YEP (2014)
© A. Colas / Thalassa FRANCE 3
Le mascaret de la Péniche !
par Antony Colas*
Site
*Antony COLAS est un surfeur français. Cité comme grand spécialiste du mascaret, il est également l'auteur des guides de la trilogie des « Guides Stormrider World », une sorte de guide du Routard pour surfers, vendue à plus de 200 000 exemplaires dans le monde entier. Originaire de Biscarosse, c'est sur la côte Basque et plus précisément à Anglet qu'il s'établit. Il est également l'auteur de l'ouvrage Mascaret, l'onde lunaire (Ou il y référence les mascarets du monde). Mais c'est à lui que l'on doit le référencement des mascarets d'Asie. Pour écrire et surtout illustrer son livre, il a surfé chacun des mascarets cités. De celui de la rivière Quiantang en Chine, à la Pororoca au Brésil, en passant par Petitcodiac au Canada, le Severn bore(en) en Angleterre ou plus récemment au Mozanbique et bien-sûr celui de la Dordogne.
Mesdames et Messieurs !
Le mascaret de la Péniche du Mascaret est une production 100 % naturelle. Un miracle de Dame Nature, né de la rencontre entre deux forces hydrauliques dévastatrices. D’abord, celle de la marée, initiée au milieu de l’océan, à plus de 100 km vers l’Ouest. Ensuite, celle du courant de la rivière, qui démarre à la source à plus de 400 km à l’Est. Et c’est précisément ici sur cette immense ligne droite de plus de 4 Km où stationne la péniche que ce face à face aquatique va provoquer les turbulences les plus fortes de ce phénomène dont le nom est né ici dans le Bordelais : j’ai nommé le Mascaret !
Pour bien comprendre le phénomène qu’il faut absolument une fois dans sa vie voir ET entendre, Il y a quelques notions à assimiler pour ressentir cette formidable rencontre. Rien de bien compliqué, il suffit de lire !
D’abord, parlons timing ! Comme en gare SNCF, le passage du train de vagues va être ponctuel...ou presque ! Cette heure est le résultat complexe de la Grande Horlogerie que sont la genèse de la marée et sa propagation dans l’Estuaire de la Gironde puis dans la rivière Dordogne. Mais cette heure est bien calculable pour les siècles et les millénaires à venir, c’est le phénomène naturel le plus prévisible qui soit.
Lors des périodes de grandes marées, que l’on appelle aussi marées de vives-eaux, la renverse du courant de rivière se produit toujours dans les mêmes plages horaires, c’est-à-dire entre 4h et 7h le matin et soir, entre 16h30 et 19h30 le soir. C’est comme ça ! Cette répétition horaire est intimement liée aux cycles de la lune. Cela dit, l’heure précise de passage du Mascaret, peut varier de quelques minutes, parfois jusqu’à 15 minutes, car la propagation de la Marée dans la rivière, peut être ralentie ou accélérée, en fonction : de la force et la direction du vent, de la pression atmosphérique et du débit d’eau de la rivière. Ainsi donc, un fort vent marin, souvent accompagné d’une pression basse, c’est à dire inférieure à 1000 Hectopascals va accélérer le processus tandis qu’un anticyclone de 1030 Hp par exemple avec des vents faibles va le ralentir.
Je vous propose donc de venir sur la Péniche du Mascaret pour parier sur l’heure de passage exacte, pour tenter de gagner une bonne bouteille de vin. Une cloche viendra retentir lorsque la première vague viendra percuter la proue de la Péniche. Celui ou celle dont l’horaire sera la plus proche sera déclaré vainqueur ! Faites vos jeux, rien ne va plus !
Avant que vous ne proposiez un horaire de passage, même au pif ! Permettez-moi de continuer à vous expliquer quelques rudiments sur l’événement à venir. Commençons par un peu d’astrophysique ! Qui sait ce qu’est-une syzygie ? Probablement, pas grand monde ! La Syzigie, S-Y-Z-Y-G-I-E, oui 2 Y et 1 Z, si vous jouez au scrabble, je vous le recommande, est le mot qui signifie l’alignement des astres, à savoir la Terre, la Lune...et le Soleil.
Quand ces 3 astres sont alignés, les forces de gravitation, celles qui font que je ne m’envole pas quand je saute, la gravitation terrestre ! font que les masses de la lune et du Soleil tirent sur les masses d’eau océaniques et qu’un petit bourrelet se forme à la surface de l’Océan. En fait, pas un bourrelet mais deux, diamétralement opposé, un dans l’hémisphère sud, un dans l’hémisphère nord. Bref, ce bourrelet va se propager avec la rotation de la Terre et surtout s’amplifier quand cette déformation de la surface de l’eau va rentrer dans les Golfes, les baies et les estuaires !
Passage du Mascaret filmé depuis la péniche le 20 septembre 2024 avec un coefficient de 112
Une dinguerie, je vous dis puisque le bourrelet océanique qui ne dépasse pas 50 cm au milieu de l’océan, va finir par faire plusieurs mètres et jusqu’à 18 mètres dans la Baie de Fundy au Canada où les marées sont les plus fortes au monde. A marée basse, on dit qu’on peut venir marcher sur le fond de l’océan.
C’est donc comme ça que les marées en Atlantique Nord, ce n’est pas le cas partout, atteignent des amplitudes de plusieurs mètres et dans le Golfe de Gascogne, quand la marée passe à la Pointe de Grave entre Royan et Le Verdon sur Mer, cette marée possède une amplitude de vives-eaux de 4,5 m en moyenne.
En rentrant dans l’Estuaire de la Gironde, il va se passer deux RALENTISSEMENTS d’Ampleur. Primo, l’onde de marée va être ralentie par le peu de fond de l’estuaire. Deuxio, l’onde de marée va être ralentie par le courant descendant de la rivière. Et comme ce ralentissement va se faire dans la partie basse de l’onde de marée, la partie haute va commencer à basculer imperceptiblement au fur et à mesure. Un peu comme on bascule vers l’avant quand on se prend les pieds dans le tapis !
Si bien qu’en quelques heures de propagation, l’onde se déforme, avec un phénomène de marche d’escalier, qui s’empilent les unes sur les autres et finit par former une ondulation semblable à de la tôle ondulée à l’approche des parties les moins profondes de la rivière et former un mascaret ondulant. Attention, il y a encore ici trop de profondeur dans l’estuaire pour que ce mascaret déferle. Ce n’est qu’en heurtant des zones très peu profondes (mettons moins d’1 mètre) que le mascaret ondulant devient déferlant. Dans l’estuaire, c’est à Macau / Issan, qu’on observe les premiers déferlements, à environ 20 km d’ici, en aval donc.
© A. Colas / Thalassa FRANCE 3
Et la propagation se fait aux alentours de 15-17 km/h. Vitesse qui peut varier entre 5 km/h dans les parties à sec avec quelques cm d’eau et 25 km/h dans les parties profondes à près de 2 m. Cette marée donc augmentée par l’estuaire peu profond, se transforme en mascaret, et vient tout remuer sur son passage : les piles des ponts grincent, les digues crépitent, les branches et les troncs sur les berges sont bousculés, les bateaux au mouillage se soulèvent ou changent de sens. Les animaux prennent peur. « Bassilou Mascaret » disait-on dans le temps pour prévenir de son passage. Il n’était pas rare que le bétail s’énerve ou qu’un mouton pris de peur, se retrouve coincé dans la vase. C’est d’ailleurs en référence au bétail que le mot mascaret est né, puisqu’il désigne le terme Hachuré de l’apparence de la mousse au déferlement.
C’est aussi au martèlement des sabots du bétail que l’on associe le son du mascaret. Un son fait de fréquences basses, qui conjugue le claquement des bulles d’air dans l’eau prises dans le déferlement et le fracas sur les berges. Quand on se trouve en rase campagne, à l’écart du tumulte des routes, du rail et autres sources sonores, on entend le Mascaret quelques minutes avant de le voir tel un train qui approche.
Alors regardez la Dordogne qui s’écoule. Elle a pris sa source dans le Massif Central à quelques 400 kms de là, apprivoisée par quelques barrages, et par la faible déclivité de sa pente en arrivant en Gironde, son cours vient s’écouler vers l’Océan. C’est donc bien du côté de l’avant de la péniche orientée plein Ouest qu’il faut regarder, c’est là qu’il va bientôt arriver. Certains l’appellent le va-et-vient, les scientifiques l’appelle un ressaut hydraulique en translation, les rêveurs l’onde lunaire, les plombiers un refoul ou une régurgitation…
Il va prendre toute sa puissance dans ce long bras ouest-est de 4 Km d’Izon / Saint Germain de la Rivière précisément au niveau de la Péniche du Mascaret. Puis, il va passer le virage pour alimenter la fameuse section nord-Sud de Saint Pardon, le point névralgique où se presse des centaines, voire des milliers de personnes dans l’espace réduit du Port et parfois jusqu’à 300 candidats SUR la vague. Une demi-heure plus tard, il passera le Viaduc du Mascaret pour arriver à Libourne et se diviser à la confluence de l’Isle, où un mini-mascaret se promène aussi. Passé le Pont de Pierre de Libourne, aussi vieux que celui de Bordeaux, Il lui faudra près de 45 minutes pour contourner le grand cingle, cette boucle que forme la rivière avec quelques apparitions furtives du Mascaret. Passé le pont de Garde-Rose pour ceux qui connaissent, il ressurgit d’un coup pour surprendre entre Moulon et Branne et c’est à Vignonet, 70 km après ses premières apparitions ! qu’il finira par s’essouffler et produire ses ultimes déferlements. Ainsi, il aura déferlé ça et là pendant près de 3 h ! La marée, elle continuera à se faire sentir jusqu’à Castillon la Bataille et signer ainsi la dernière influence océanique. Il était temps, on est quand même à 200 km de l’embouchure !
Antony COLAS © 2024
Passage du Mascaret de Noël sur le site le 25 décembre 2022 avec un coefficient de 96
Les mascarets en 2025
(coefficient supérieur à 80)
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1er au 4 janvier (max 83 le 2 janvier)
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13 au 17 janvier (max 86 le 15 janvier)
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31 janvier au 4 février (max 99 le 1er février)
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12 au 16 février (max 90 le 14 février)
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27 février au 5 mars (max 111 le 2 mars)
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13 au 17 mars (max 90 le 15 mars)
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27 mars au 3 avril (max 114 le 30 mars)
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11 au 15 avril (max 85 le 13 avril)
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25 avril au 02 mai (max 108 le 28 avril)
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25 au 30 mai (max 97 le 27 mai)
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24 au 29 juin (max 88 le 26 juin)
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13 au 15 juillet (max 81 le 14 juillet)
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24 au 29 juillet (max 89 le 26 juillet)
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9 au 15 août (max 95 le 12 août)
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22 au 27 août (max 92 le 24 août)
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6 au 13 septembre (max 106 le 9 septembre)
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20 au 25 septembre (max 91 le 22 septembre)
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5 au 12 octobre (max 110 le 8 octobre)
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20 au 23 octobre (max 86 le 21 octobre)
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3 au 9 novembre (max 106 le 6 novembre)
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13 au 18 décembre (max 89 le 16 décembre)